Le mauvais œil est une réalité puisqu’il existe des preuves aussi bien dans le Coran que dans la Sounna qu’il a des effets réels et concrets sur la personne. Pour s’en protéger, le musulman doit recourir au Coran ou à la Sounna et non aux charlatans ou autres similaires qui utilisent des procédés non autorisés par l’Islam puisqu’il s’agit le plus souvent d’incantations incompréhensibles que l’homme ordinaire ne saurait guère décoder.
I- Preuves du Coran
Lorsque Yâqoûb ordonna à ses enfants d’aller en Egypte en compagnie de leur frère Benyamin, il leur recommanda de ne pas tous entrer par la même porte, craignant pour eux le mauvais œil, car ils se ressemblaient tous et avaient une beauté qui attirait les regards. Dieu le rappela dans le Coran en ces termes :
« Et il dit : « Mes fils, n’entrez pas par une seule porte, mais entrez par des portes séparées. Je ne peux cependant vous être d’aucune utilité contre les desseins d’Allah. La décision n’appartient qu’à Allah: en Lui je place ma confiance. Et que ceux qui placent leur confiance la placent en Lui ». Etant entrés comme leur père le leur avait commandé, cela ne leur servit à rien contre les décrets d’Allah. Ce n’était au reste qu’une précaution que Jacob avait jugé de leur recommander. Il avait pleine connaissance de ce que Nous lui avions enseigné. Mais la plupart des gens ne savent pas » (S Youssouph, V 67-68)
Ibn Abbass et d’autres ont dit à ce propos : il craignait pour eux le mauvais œil car ils étaient beaux et avaient une belle allure, il eut donc peur que les gens ne les atteignent du mauvais œil, car le mauvais œil est réalité, pouvant désarçonner un cavalier de sa monture.
Dans une autre sourate, Dieu dit également :
« Peu s’en faut que les mécréants ne te transpercent par leurs regards, quand ils entendent le Coran, ils disent : « Il est certes fou » » (S Qalam, V 51)
Ibn Abbass, Moujâhid et d’autres ont dit : « ne te transpercent par leurs regards », c’est à dire : ne te touchent par leurs regards du mauvais œil, dans le sens qu’ils sont jaloux de haine, si ce n’est la protection d’Allah contre eux. Ce verset est une preuve que le mauvais œil et son influence sont réels, par ordre d’Allah, tout comme les hadiths rapportés par diverses voies le montrent.
II- Preuves de la Sounna
Les hadiths parlant du mauvais œil sont aussi nombreux ; en voici quelques uns :
Abou Houreyra rapporte que le prophète (psl) a dit : « Le mauvais œil est une réalité » (Boukhari, Mouslim)
Aisha rapporte que le prophète (psl) a dit : « Demandez protection auprès d’Allah contre le mauvais œil, car le mauvais œil est réalité » (Mouslim, authentifié par Albani)
Ibn Abbass a dit : le prophète (psl) a dit : « Le mauvais œil est une réalité, et si une chose devait précéder le destin, ce serait le mauvais œil, et si on vous demande le lavage, faites-le » (Mouslim)
C’est à dire que si l’on demande à l’un d’entre vous de se laver pour son frère musulman qu’il a touché du mauvais œil, qu’il réponde à la requête et qu’il se lave pour lui.
Abou Zarr dit : le prophète (psl) a dit : « Certes, le mauvais œil atteint la personne à tel point de gravir une haute montagne puis d’en tomber » (Ahmad, authentifié par Albani dans Sahih Al Jâmi)
D’après Jâbir, le prophète (psl) a dit : « le mauvais œil fait entrer la personne dans la tombe et plonge le chameau dans la marmite » (Ahmad, Tabarani et Hakim)
Oum Salama tient du prophète (psl) qu’il dit à une esclave qui se trouvait dans sa demeure (d’Oum Salama) et qu’elle avait sur son visage une trace démoniaque : « Elle est touchée par un regard, pratiquez sur elle l’exorcisme » (Boukhari, Mouslim)
Il y a cependant une légère différence entre le mauvais œil et la jalousie, car la jalousie est plus générale que le mauvais œil. En fait, la personne qui jette le mauvais œil est avant tout quelqu’un de jaloux, et donc tout mauvais œil est jalousie, mais toute jalousie ne mène pas forcément au mauvais œil.
La jalousie provient de la rancœur et de la haine, et de la volonté de voir un bien disparaître ;
Quant au mauvais œil, il trouve sa source dans l’admiration, l’étonnement et l’émerveillement.
III- Traitement du mauvais œil
Il y a plusieurs manières de traiter le mauvais œil :
Méthode1 : le lavage
Si l’on connait la personne qui a jeté le mauvais œil, il faut lui demander de faire le lavage, puis récupérer l’eau avec laquelle le lavage a été effectué et la verser sur la personne touchée du mauvais œil.
Abou Oumama Ibn Sahl a dit : « Mon père, Sahl Ibn Hounayf, fit le lavage à Al Kharâr ; il ôta l’habit qu’il portait alors que Âmir Ibn Rabia le regardait. Sahl était quelqu’un de très blanc et avait une belle peau. Amir dit alors :
« Je n’ai jamais vu une peau pareille, il ressemble à une fille cachée chez elle ». C’est alors que Sahl soufra de suite de mal au ventre et sa douleur s’intensifia. Le prophète (psl) fut ensuite informé de son mal et on lui dit :
« Il n’arrive même pas à lever sa tête, tellement il a mal »; il dit : « Pensez-vous à quelqu’un qui l’aurait atteint ? » ils dirent : « Amir Ibn Rabia ». Le prophète (psl) le convoqua et se mit en colère contre lui ; il dit: « Pourquoi l’un de vous tue son frère ? Que tu n’aies invoqué pour lui Allah de le bénir, lave-toi pour lui ». Amir lava son visage, ses mains, ses coudes, ses genoux et le bout de ses pieds, de même que l’intérieur de son izar dans un récipient. Ensuite Sahl versa l’eau sur lui et guérit de suite » (Mouslim)
Méthode2 : les invocations prophétiques
Il s’agit de poser la main sur la tête du malade et dire les paroles avec lesquelles Djibril avait exorcisé le prophète (psl) :
« Bismillâhi Arqîka, Wallâhou Yachfîka, Mine Koulli Dâ-ine You’zîka, Wa Mine Koulli Nafssine Aw Aynine Hâssidine, Allahou Yachfîka »
( Au nom d’Allah je t’exorcise, et Allah te guérit de tout mal qui te nuit, et de toute âme ou œil jaloux, Allah te guérit » (Mouslim)
On peut aussi utiliser cette invocation, en posant la main sur la tête du malade :
« Bissmillâhi Youbrîka, Mine Koulli Dâ-ine Yachfîka, Wa Mine Charri hâssidine Izâ Hassada, Wa Charri Koulli Zî Aynine »
(Au nom d’Allah, Il te soigne, de tout mal Il te guérit, contre le mal de l’envieux quand il envie, et contre le mal de tout œil) (Mouslim)
On peut encore utiliser cette invocation, toujours en posant la main sur la tête du malade :
« Allâhoumma Rabbi Nâssi, Azhibil Ba’ssa, Wachfi Anta Châfî Lâ Chifâ-a Illâ Chifâ- ouka, Chifâ-ane Lâ Youghâdirou Saqamâ »
(Allah, Seigneur des gens, dissipe le mal et Guéris car Tu es le Guérisseur, il n’y a de guérison sinon Ta guérison, guérison ne délaissant de maladie » (Mouslim)
Ibn Abbass rapporte que le prophète (psl) cherchait la protection auprès d’Allah en faveur de ses deux petits fils Hassan et Housseyn, disant :
« Ou îzou Koumâ Bi Kalimâtillâhi Tâmmâti Mine Koulli Cheytânine Wa Hâmmatine Wa Mine Koulli Aynine Lâmma »
(Je cherche pour vous une protection par les parfaites paroles de Dieu contre tout démon et tout insecte venimeux, et contre tout mauvais œil) (Mousilm)
Et il ajoutait : « ce sont les paroles que récitait Ibrahim pour protéger ses deux fils Ismael et Ishaq ».
Méthode 3 : réciter les deux sourates talismaniques
Il faut poser la main sur l’endroit de la douleur et réciter les sourates Al Ikhlass, Falaqi et Nassi.
Le musulman doit connaître ces invocations et les réciter pour ses enfants et pour soi même afin de se prémunir de tout mauvais œil et toute nuisance. Ces invocations sont licites et autorisées puis qu’elles nous proviennent du prophète (psl). Toute autre invocation non puisée du Coran ou de la Sounna et composée de paroles de charlatans ou autres est nulle et non avenue, et ne fera qu’éloigner son auteur de la miséricorde divine.
Les enfants doivent être éduqués et moulés dans le Tawhîd (Unicité de Dieu), et les épargner de tout ce qui conduit au Chirk (association). Cette porte doit être fermé pour l’enfant dès le bas âge car s’il est tôt habitué à porter des gris-gris et autres nœuds, il pensera que c’est cela qui le protège contre le mal ou qui lui attire le bien. Cette responsabilité incombe à tout parent, car le prophète (psl) a dit : « chacun d’entre vous est un berger, et il sera demandé à chaque berger le jour de la résurrection, la responsabilité de son troupeau » (Boukhari, Mouslim).
Si donc le parent s’évertue à inculquer à ses enfants le culte du monothéisme (Tawhîd), chaque fois que sa progéniture, une fois adulte, commettra un acte de bien, il en sera rétribué pour autant sans que cela ne diminue en rien la rétribution de son enfant. Mais aussi, dans le cas contraire, s’il habitue son fils à pratiquer des œuvres relevant de la sorcellerie et menant à l’association, chaque fois que celui-ci commet cet acte blâmable, il en récoltera le péché sans que cela ne diminue en rien au péché de l’auteur. Cela nous fait penser à ce hadith rapporté par Jabir Ibn Abdillah Al Bajli, dans lequel le prophète (psl) a dit :
« Celui qui innove en islam une bonne innovation, aura sa récompense ainsi que la récompense de ceux qui la mettent en pratiquent sans que cela ne diminue en rien leur récompense. Et celui qui innove en islam une mauvaise innovation, aura le fardeau de son pêché ainsi que de ceux qui la mettent en pratique, sans que cela ne diminue en rien les pêchés de ces derniers » (Mouslim)
Qu’Allah nous vienne en aide et nous maintienne dans le cercle fermé du Coran et de la Sounna du prophète (psl), sans jamais y sortir jusqu’à Sa rencontre.
Paix sur vous.
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